Michael Jackson
Aujourd’hui, Michael Jackson est porté en terre. Depuis son décès, les médias nous abreuvent d’un nombre effarant d’informations sur ses derniers moments, sur sa vie et ses bizarreries. Je suis touché par la mort de cet homme. Je n’étais pas un de ses fans, même si je reconnais qu’il avait un talent certain. Je suis plus enclin à écouter Jean-Sébastien Bach. Michael Jackson est un homme de ma génération, il est né, tout comme moi, en 1958. Il est mort encore jeune et il avait probablement encore des projets à mettre en œuvre.
Je ne juge pas sa vie. Cependant, je pense qu’il a été une victime du système de la « starisation ». Quand je regarde les clichés de lui à différents âges, je suis étonné de voir une métamorphose progressive. Des changements voulus ou subis ? Des altérations de son image ou des modifications de sa personnalité ? Michael est devenu une idole et pour garder ce statut fugace, il a dû changer régulièrement d’image pour rester conforme à ce qu’il croyait être une attente de son public. Il y a loin de l’idole à l’icône. L’idole est vénérée pour ce que l’on croit qu’elle est. L’icône est aimée, tout simplement parce qu’elle est belle et qu’elle reflète la beauté éternelle. Michael Jackson, comme tout être humain, est une icône de Dieu qui nous a créé à son image et à sa ressemblance. Il est devenu, probablement malgré lui, une idole, c’est-à-dire une déformation de la beauté initiale pour satisfaire la vanité éphémère.
Corps ouvert
Une exposition intitulée à « corps ouvert » se déroule en France. Il s’agit d’exhiber des cadavres préparés « avec art » auprès d’un public amateur d’images morbides.
Je suis médecin et j’ai pratiqué, comme tout carabin, les inévitables séances de dissection. Il s’agissait à l’apprenti médecin de s’initier aux arcanes du corps humain pour se préparer à le soigner, si ce n’est à le guérir. Le corps est complexe. L’anatomie nous confronte à l’humanité en ce qu’elle a de spécifique. Il y a bien sûr les manuels d’anatomie et certains sont des merveilles d’illustration, mais rien ne remplace la confrontation avec les corps pour découvrir que tout ne se trouve pas dans les livres. Même mort, le corps nous rappelle qu’il y a d’abord une personne, une histoire, une vie qui a été vécue. Il ne s’agit pas d’objet. Je reconnais que j’abordais ces travaux dirigés d’anatomie avec une certaine crainte, même si nous pratiquions l’humour, il s’agissait surtout de dépasser notre propre peur de la mort.
L’exposition à « corps ouvert » attire du monde. Pourquoi un tel succès ? Je pense que l’évacuation de la mort dans nos sociétés a rendu encore plus mystérieux la fin de nos existence corporelle. La foi en la résurrection fait un score très bas dans les sondages d’opinion, même les catholiques pratiquants sont pour une part non négligeable, très sceptiques. Aujourd’hui la mort est refusée et c’est pour cela qu’elle sert de support à un spectacle comme s’il fallait renforcer l’idée qu’il n’y avait rien de réel dans la finitude des hommes.
Je trouve particulièrement indécent d’exhiber des cadavres. Nous savons que certains corps sont ceux de détenus chinois. Ont-ils donné leur accord pour subir une peine d’exhibition, telle celle qui affligeait les pendus au Moyen-Âge, au-delà de leur mort ?
Non, nous ne pouvons pas tout mettre en scène.
les nouveaux tartuffes
Le Pape est à Paris et cela provoque dans une partie du monde politique et associatif une levée de boucliers. Je ne m'étonne pas que dans une démocratie la parole puisse être virulente et excessive, ce qui me surprend c'est la tartufferie, l'hypocrisie des détracteurs du Pape et de l'Eglise. Deux exemples, la laïcité et le sida. A la radio, Edwy Plenel, journaliste bien connu, s'insurge contre le discours du président Sarkozy. Son tort: avoir accueilli le pape et favoriser la religion catholique. J'accepte encore cette critique injustifiée,mais je m'oppose quant il invoque le Général de Gaulle. Pour un ex-trotskiste, c'est sidérant. Pour lui, le général avait une telle idée de la laïcité qu'il ne se signait pas dans les églises où il participait au culte. Peut-être,mais cela était avant 1970, avant le déferlement de la vague anti-chrétienne et anti-catholique qui submerge notre pays depuis lors. Notre cher journaliste oublie que le général avait demandé l'ouverture de l'église saint Louis des Français à Moscou en pleine guerre froide et qu'il y avait communié. Le général avait du courage et des convictions, au point de dépasser une stricte neutralité quand il fallait défendre la liberté. Deuxième exemple, la manifestation d'Act Up. il faut, disent ses supporters, empêcher l'Eglise d'intervenir dans le débat public. Est-ce cela la démocratie, est-ce cela la liberté? Et eux, au nom de quoi prennent-ils la parole? Les libertaires ne sont que pour leur liberté, pas pour celle de ceux qui pensent différemment.
missions étrangères
Dimanche 8 juin, à Notre-Dame de Paris, une messe était célébrée pour le 350e anniversaire des Missions étrangères de Paris. Il y avait une cohorte d'évêques, archevêques et cardinaux asiatiques, ainsi qu'une multitude de prêtres originaires de cet immense continent. La liturgie était présidée par Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris. Je me suis rendu à cette cérémonie pour plusieurs raisons. D’abord pour manifester la solidarité de l'Assomption avec la mission universelle de l'Eglise. Les MEP (Missions étrangères de Paris) illustrent l'audace missionnaire et la force de l'évangile. Il est difficile aujourd'hui d'imaginer ce que "partir au loin" voulait dire au XVIIe, XVIIIe, XIXe siècles. Les missionnaires étaient de véritables aventuriers, les voyages étaient risqués et l'espérance de vie une fois arrivé sur place très réduite. C'est bien l'Esprit qui a conduit ces hommes et ces femmes à s'en aller pour annoncer le Christ. Il n'y a pas eu que les MEP, mais toute un ensemble d'instituts missionnaires, de congrégations qui sont partis et cela méritait un hommage. Un autre motif de s'associer à la fête est la reconnaissance pour les MEP. l'Assomption, après le départ de la Mandchourie en 1952, a repris pied en Extrême-Orient dans les années 90, en Corée. Nous avons eu le soutien des MEP pour nous installer au pays du Matin Calme. Cela valait aussi un merci fraternel.
J'ai été heureux de m'associer à cette célébration, mais je garde un certain regret de ne pas avoir mieux senti l'universalité de l'Église dans la liturgie. Il y a bien eu une belle procession des offrandes où des fidèles de divers pays asiatiques étaient en costumes traditionnels, mais pour le reste la liturgie est resté très romaine.
Aujourd'hui, nous n'envisageons plus la mission comme elle se faisait dans les siècles passés. Nous sommes attentifs aux cultures et aux traditions. La théorie de l'inculturation de l'évangile est acceptée, même si nous ne savons pas toujours comment l'appliquer concrètement. En ce temps de mondialisation, il faut repenser la mission pour respecter les cultures sans transiger sur la nouveauté de l'évangile. Il y a du travail!